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Décollage imminent

Dernière mise à jour : 26 juin 2018

Mesdames et Messieurs, bonjour, bienvenue à bord de ce LundiCarotte ! Nous sommes Paul et Alix, vos pilotes.


Mesdames et Messieurs, bonjour, bienvenue à bord de ce LundiCarotte ! Nous sommes Paul et Alix, vos pilotes.

Nos stewards et hôtesses de l'air viennent de vous distribuer le menu du jour : le transport en vacances. Nous vous annonçons qu’il sera exceptionnellement possible de rencontrer l’équipe aux Retrouvailles LundiCarotte le 29 mai, à Paris. Notre temps de lecture aujourd'hui sera d'environ 10 minutes. Nous vous souhaitons un agréable trajet en notre compagnie.

En ces temps modernes, les vacances sont souvent synonymes de voyage, mais il n'en a pas toujours été ainsi, tant s'en faut ! En 1950, nous étions 2,5 milliards d'habitants pour un total de 25 000 touristes annuels. En 1995, on comptait 528 millions de touristes (eng pdf). Aujourd’hui nous sommes 7,6 milliards pour 1,186 milliard de touristes. En l'espace de 65 ans, la population mondiale a été multipliée par 3 et le nombre de touristes par… 47 000. C'était le CalculCarotte de la semaine !

Cette augmentation impressionnante s'explique par l'élévation du niveau de vie mondial et par des avancées technologiques. Le développement des compagnies aériennes low cost et l'arrivée d'offres promotionnelles sur Internet ont rendu les vacances plus accessibles, tout comme l'amélioration des performances des avions. Aujourd’hui, 55 % des voyages internationaux se font en avion et trois Français sur quatre partent en vacances.

Changement de paysage et changement climatique Cette augmentation du nombre de déplacements est liée à une augmentation des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre. Ceux-ci, produits entre autres par l’utilisation de combustibles fossiles et émis en grande quantité par l’humanité depuis la révolution industrielle, sont la principale cause du changement climatique. Les six dernières années font toutes partie des plus chaudes depuis qu’on les mesure NCEP/NCAR (1948).

L'offre des moyens de transport est pléthorique : voiture, autocar, train, avion, bateau, vélo… Un rapport technique de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) permet de comparer leurs performances. Seul le CO2, principal gaz à effet de serre pour les transports, est pris en compte. Plongeons dans le détail des chiffres : - Bateau (pas à voile) : 460 à 860 grammes de CO2 par passager par km Cette donnée variera selon que vous avez une voiture ou non et que vous voyagez de jour ou de nuit. - Avion : 115 à 370 grammes de CO2 par passager par km Les chiffres de l’ADEME ne présentent pas de variation prédictible selon la distance du trajet. Cependant, selon le conseiller en énergie Jean-Marc Jancovici, l'atterrissage et le décollage consomment beaucoup plus de carburant que le reste du voyage. Les trajets de courte distance émettraient environ deux fois plus de CO2 par km que les trajets longs. Ne pas oublier non plus que les avions dont tous les sièges sont occupés consomment moins d’énergie par passager. Aujourd’hui, les avions sont en moyenne remplis à 75 % de leur capacité. - Moto : 350 grammes de CO2 par passager par km - Autocar : 28 à 58 grammes de CO2 par passager par km - Voiture (1 personne) : 150 à 200 grammes de CO2 par passager par km La taille de la voiture impacte ses émissions : comparée à une grosse cylindrée, une voiture de petite cylindrée (essence ou diesel) émet 50 grammes de CO2 de moins par passager par km. - Voiture (4 personnes) : 35 à 50 grammes de CO2 par passager par km - Train européen : 30 à 70 grammes de CO2 par passager par km - Train français : 4 à 9 grammes de CO2 par passager par km Le train roulant généralement à l’électricité, son émission de CO2 dépend du mix énergétique du pays, c’est-à-dire de la composition des sources d’énergie utilisées. Par exemple, en France 70 % de l’électricité provient des centrales nucléaires. Celles-ci produisent des déchets radioactifs, mais émettent très peu de CO2, d’où notre empreinte carbone ferroviaire beaucoup plus basse que la moyenne européenne.

"Aujourd’hui, les avions sont en moyenne remplis à 75 % de leur capacité"

Les voyages lointains Maintenant qu’on a déballé les chiffres, qu'en est-il en pratique ? Commençons par les voyages à l'autre bout du monde. Les escapades hors d'Europe représentent un peu moins de 3 % des voyages touristiques des Français. Pour deux semaines à Bali, difficile d'envisager autre chose que l'avion, à moins de passer ses vacances dans les transports ! L’ONG allemande Atmosfer présente un classement carbone de 60 compagnies aériennes.

Certaines plateformes proposent une "compensation carbone" : payer un petit pourcentage du prix du billet pour financer des projets dont l'objectif est de réduire les émissions de CO2, en protégeant des forêts, par exemple.

Il semblerait cependant que tous les projets ne se valent pas : ceux de Ryanair manqueraient de transparence et l’un des projets proposés par Air France se ferait au détriment de la population locale.

Quel transport pour un voyage moyenne distance ?

Une option plus simple pour voyager en polluant moins est de voyager moins loin. Les voyages des Français à l'étranger se concentrent surtout en Europe et parmi eux, 40 % sont effectués en Espagne ou en Italie. Comment, dans ces cas-là, choisir son moyen de transport ? Penchons-nous sur un exemple très concret. Monsieur Alain Dicarotte désire faire l'aller-retour Paris-Barcelone au milieu du mois d'août. Il hésite entre l'avion, la voiture, le train et l'autocar.

On trouve sur Internet plusieurs calculateurs d'émissions de carbone utilisant des sources et des méthodologies diverses et variées. Nous avons utilisé ici EcoPassenger qui, non seulement, se base sur des données de 2016, mais a aussi l'avantage de prendre en compte les différents mix énergétiques et d'estimer le temps de transport entre la ville et l'aéroport.

Prix (€) Durée (h) CO2 (kg)

Voiture 170 13 160

Avion 120 3 140

Autocar 90 15 53

Train 180 7,5 11

Voyons d'abord les prix. À l'heure où nous écrivons ces lignes, l'autocar est le moins cher. Vient ensuite l'avion : 120 € pour un aller-retour low cost (plus le surcoût d'éventuels bagages). La voiture et le train sont au coude-à-coude.

Au niveau du temps de trajet, l'avion arrive encore en tête avec 3 h contre 7 h 30 en train et 13 h en voiture (pauses comprises).

En termes de bilan CO2, c'est une autre histoire. Le train est de loin le plus propre : près de dix fois moins de carbone rejeté que l’avion. En auto, les émissions par personne varient donc beaucoup selon que M. Dicarotte voyage seul (160 kg) ou qu'il covoiture avec 4 autres vacanciers (32 kg de CO2/personne).

Un facteur supplémentaire vient augmenter les émissions des avions : en vol, ils rejettent des oxydes d'azote, de l'ozone et du soufre, dont les effets à haute altitude sont méconnus. Convertis en équivalent CO2, ces gaz feraient presque doubler le bilan carbone du trajet (240 kg).

Quant à l'autocar, c'est le moins cher et le plus lent. Il émettrait trois fois moins de CO2 que la voiture individuelle d'après l'ADEME.

Récapitulons les différents choix pour ce trajet Paris-Barcelone, du plus émetteur au moins émetteur en CO2 : - la voiture en individuel - l’avion - l'autocar - la voiture remplie - le train

Voyage écolo en pratique Si Monsieur Dicarotte choisit la voiture, il peut minimiser son empreinte carbone en emmenant ses amis ou un covoitureur. Attention cependant à l’effet rebond, si l’on veut être totalement vert : un ami qui ne comptait pas partir initialement ne réduit pas les émissions totales.

"Attention cependant à l’effet rebond, si l’on veut être totalement vert : un ami qui ne comptait pas partir initialement ne réduit pas les émissions totales"

Pour un voyage pauvre en carbone, le train est souvent la meilleure option. Cela peut néanmoins augmenter le prix du voyage, car le rail est plus onéreux que l'air (ce qui explique bien la popularité de l'avion). Il existe néanmoins quelques astuces pour émettre moins de CO2 tout en s'en tirant à bon compte. Pour les trajets en Eurostar, le site Eurostar Snap propose des billets de dernière minute bien moins chers si l'on accepte une heure de départ flexible. Dans la même veine, il y a les trains low cost Ouigo en France. Enfin, le site GoEuro compare pour nous les prix des bus, des trains et des avions.

Si on a un peu plus de temps, on peut aussi explorer l’option d’une véritable expérience de voyage économe en carbone, par exemple en partant à vélo ou en auto-stop. Dernière possibilité : découvrir des paysages dignes du Colorado ou du Canada dans notre beau pays, imagés dans cette magnifique infographie de l'ADEME. Mesdames et Messieurs, merci d’avoir voyagé avec Carotte Airlines aujourd’hui. Nous espérons qu’il fait beau où vous atterrissez. Assurez-vous de ne pas oublier de bloquer le 29 mai, merci. Au plaisir de vous avoir à bord avec nous lundi prochain !

— Alix Dodu et Paul Louyot    

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